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L'utopie du 100% renouvelable

RTE (ex EdF) et l'AIE (Agence Internationale de l'Energie) ont récemment publié à la demande du gouvernement  un rapport intitulé « Etude sur un système électrique à forte part d’énergies renouvelables en France à l’horizon 2050 » 
Au vu de ce rapport certains, comme le site "révolution énergétique", se sont cru autorisés à titrer « 100% de Renouvelables en France, c'est possible ». 


Vraiment  ?

Tout eolien

Le contenu de ce rapport est pour le moins beaucoup plus nuancé, voire même inquiétant.
Le président du directoire de RTE conclut d’ailleurs le rapport en disant « bien qu'il n'y ait aucune barrière technique infranchissable à priori, il faut regarder les faits scientifiques, techniques et industriels : il reste beaucoup de sujets à résoudre »
Traduction :  aujourd’hui on ne sait pas faire, et même si on savait, il n’est pas certain que les solutions soient possibles à mettre en œuvre, tant du point de vue du coût, que du point de vue de l’acceptabilité par la population ! Si bien qu’en fait on devrait plutôt conclure :

"100% de renouvelable en France, c’est presque impossible "

Il faut d'ailleur noter que dès le début du rapport il est précisé que celui-ci ne regarde que les questions techniques, et que "l'évaluation économique [des conditions ci dessous] dépassent le cadre de ce rapport". Il précise quand même que les "coûts peuvent être substantiels et que l’atteinte de ces exigences a des implications techniques et sociales profondes" Autrement dit, non seulement ça  va coûter très cher, mais les solutions à mettre en oeuvre risquent d'être socialement inacceptables ! Maintenant que vous êtes prévenus, que faut il mettre en oeuvre pour avoir une forte part de renouvelable ?

Le rapport liste les "quatre ensembles de conditions strictes, qui devront être remplies pour permettre, sur le plan technique et avec une sécurité d’approvisionnement assurée, l’intégration d’une proportion très élevée d’énergies renouvelables". Ces conditions sont particulièrement sévères, et pour tout dire semblent aujourd'hui non seulement complètement hors de portée de la technologie actuelle, mais aussi très loin de l'acceptabilité par les habitants : voici un résumé très simplifié de ces 4 conditions :


1)    Résoudre les problèmes d’instabilité des réseaux. Aujourd’hui, la stabilité est assurée par les alternateurs traditionnels. En effet quand la demande augmente, l’inertie des turbines en rotation permet de ne pas avoir de trop grandes variations de la fréquence du réseau. C’est une forme de stabilité passive. Les sources renouvelables ne possédant pas de tels alternateurs, le risque d’instabilité existe. C’est une question très technique, pour laquelle des solutions existent en théorie mais n’ont jamais été essayées à grande échelle. Si cette question n'est pas résolue, on risque le "black out" !

Alternateur

2)    Pour éviter les pénuries, il faut « développer les sources de flexibilités [dont] le pilotage de la demande, le stockage à grande échelle, les centrales de pointe[…] ».
Traduction simplifiée
- le "pilotage de la demande" est un terme plus "soft" pour dire «délestages» :  c’est-à-dire couper l'électricité lorsque celle ci manque, et donc couper les chauffe-eau, le chauffage électrique, l'électroménager, certaines industries.... Pas sûr que la population soit prête à ces coupures récurrentes
- savoir stocker l’électricité , mais aujourd'hui il n'y a aucune solution pour cela, hormis à toute petite échelle
- les centrales de pointe sont de nouvelles centrales à gaz, fortes émettrices de CO2 (voir la page "stratégie bas carbone")
On voit qu'aujourd'hui aucun de ces points n'est atteignable de manière réaliste et acceptable !

Centrale a gaz

3)    Le dimensionnement des « réserves opérationnelles » ; c'est à dire comment créer un stock stratégique d'électricité en cas de problème. C'est un sujet qui est peu développé dans le rapport, mais va se poser la question non seulement du dimensionnement de ces réserves, mais aussi celle de savoir qui va être responsables de ces réserves : les producteurs éoliens ? l'Etat ? et que se passera-t-il "règlementairement" en cas de problème, ou de pénurie? C'est vraiment un problème épineux, puisque pour l'instant les producteur d'électricité intermittente ont toutes les garanties, mais aucune responsabilité. 

4)    Le développement des réseaux ; autrement dit multiplication des poteaux et cables électriques. Ce qui nécessite un « engagement public en matière de planification à long terme, d'évaluation des coûts et de concertation avec les citoyens pour favoriser l’acceptation des nouvelles infrastructures ».
Traduction : le développement des énergies intermittentes va nécessiter un fort renforcement du réseau, c'est à dire la multiplication des lignes à haute tension et les pylônes qui vont avec. Il va falloir anticiper, ça va couter très cher (on trouve des chiffres allant de 18 à 33 milliards d'euros), et défigurer encore plus le paysage ; les citoyens ne seront pas d’accord.
 
D’où la conclusion  en forme d'euphémisme du président de RTE : 
« il reste beaucoup de sujets à résoudre »

C'est le moins qu'on puisse dire !

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